Mohamed Taki Abdulkarim (1936 - 1998 ) fut président des Comores de 1996 à sa mort. Né à Mbéni à la Grande Comores et issu d'une famil...
Mohamed Taki Abdulkarim (1936 - 1998 ) fut président des Comores de 1996 à sa mort. Né à Mbéni à la Grande Comores et issu d'une famille privilégiée, petit-fils du Djumbé Fumu, descendant du sultan Msa Fumu. Il part faire ses études à Madagascar puis en France où il obtient un diplôme d'ingénieur en travaux publics .
De retour aux Comores, Said Mohamed cheikh le nomme responsable des travaux publics à Anjouan ou il fait la connaissance d'Ahmed Abdallah.
1971 : ministre de l'éducation
1973 : ministre de l'équipement sous Ahmed Abdallah dont il est proche
1975 : ministre de l'intérieur
Il se réfugie à Mbéni lors du régime d'Ali Soilih, résiste par une pratique de désobéissance civile, et finit en prison après l'intervention des mercenaires.
Il rompt avec Abdallah et se réfugie en France.
1990 : retour au pays et candidat aux élections après la mort d'Abdallah; Said Mohamed Djohar élu après 3 tours car des fraudes ont étés commises
1992 : vu comme l'homme de la France dont Djohar essaie de se rapprocher; nommé responsable de l'action gouvernementale
1996 : élu président des Comores
1998 : décède dans des circonstances qui paraissent étranges (les soupçons allaient naturellement vers Bob Denard dont Taki avait peu de temps auparavant refusé le retour)
Le bilan de son action en tant que président est vivement critiqué : Les pénuries qui se sont multipliées et systématisées, l'indépendance d'Anjouan qui a été déclaré ainsi que le musellement total de la presse et des partis d'opposition n'ont pas laissé un bon souvenir.
Son gouvernement s'est accompagné aussi d'un certain nombre de mesures symboliques car souvent inapplicables, marquant un désir de retour vers l'islam : interdiction de vente d'alcool, des mini-jupes, remplacement systématique des mots d'origine française par des mots d'origine arabe dans les discours, etc.
Après sa mort, le pays entre alors dans une période d'instabilité politique et institutionnelle qui conduira à un nouveau coup d'État en 1999.
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Mohamed Taki ou le parcours d'un gourou-ermite entre pouvoir et clandestinité.
Par Aboubacar M'CHANGAMA
Ses partisans l'avaient surnommé "le bien aimé", mais à Mbeni, dans le nord-est de l'île de Grande Comore où il a vu le jour il y a 62 ans, le président Mohamed Taki Abdoulkarim, était simplement "l'enfant du village" qui lui portait une affection dépassant parfois l'entendement.Mbeni organisera samedi l'enterrement de ce fils, mort dans la nuit de jeudi à vendredi d'une crise cardiaque, malgré les pressions du gouvernement pour organiser des funérailles nationales à Moroni.
Avec sa haute silhouette empâtée par les ans qu'il déplaçait sans grâce, Taki avait su créer autour de sa personne une aura quasi-mystique, de gourou-ermite enclin à s'enfermer souvent seul avec sa famille.
Ses partisans se plaisaient à dire "on aime pour rien" ce piètre orateur, aussi croyant que superstitieux, et s'adonnant, selon des proches, à la sorcellerie.
Plusieurs fois marié (pas moins de six mariages), le président Taki est père de six enfants. Une de ses filles est décédée en France en 1990.
Né le 20 février 1936, Mohamed Taki est le premier Comorien diplômé de l'Ecole des Ponts et Chaussées. Il a débuté sa carrière à Anjouan comme chef de la subdivision des Travaux Publics avant d'en devenir Directeur Général.
Après la proclamation unilatérale de l'indépendance de la France le 6 juillet 1975, Ahmed Abdallah Abderramane lui confie le portefeuille de l'intérieur. Moins d'un mois plus tard, Ahmed Abdallah est renversé par Ali Soilihi, et Mohamed Taki plonge dans la clandestinité. "Je me suis carrément enfermé de manière que personne ne puisse me voir", dira-t-il plus tard.
Le 3 avril 1977, M. Taki, mêlé à une tentative de coup d'Etat contre Ali Soilihi, est arrêté, mais cherche la clémence en accablant ses amis, selon des témoignages.
Il est libéré le 13 mai 1978 à la suite du coup d'Etat d'Ahmed Abdallah qui le nomme secrétaire général du directoire politico-militaire mis en place avec le soutien du mercenaire Bob Denard.
Elu député, il devient président de l'Assemblée Nationale et est l'initiateur de la loi instituant le parti unique de l'époque, l'Union comorienne pour le Progrès. Il se fera aussi remarquer par sa fameuse doctrine politique sur le pouvoir des notables, l"Ubedjaya".
En 1984, il rompt avec Ahmed Abdallah et se réfugie à Paris dans un exil qu'il qualifie
de "volontaire".
Après l'assassinat d'Ahmed Abdallah en novembre 1989, Mohamed Taki rentre aux Comores pour se présenter à l'élection présidentielle où il est battu par Saïd Mohamed Djohar qu'il taxe d'"usurpateur", élu avec la "complicité" de la France.
Toutefois, c'est à nouveau à Paris qu'il s'enferme dans un exil qu'il quittera en novembre 1991 pour une "réconciliation sous serment" qui ne durera que quelques mois.
Une fois de plus en septembre 1992, Mohamed Taki est impliqué dans une tentative de coup d'Etat qui tourne à la mutinerie et à la rébellion armée. Traité de "hérisson" par le président Djohar, un mandat d'arrêt international est lancé contre cet homme qui replonge dans la totale clandestinité pendant trois ans.
Il refera surface à la faveur du coup d'Etat organisé par Bob Denard en septembre 1995, en devenant pendant 48 heures co-président d'un éphémère directoire politique mis en place par les putschistes.
Le 16 mars 1996, Mohamed Taki est enfin élu président de la République avec 64,16% des suffrages. Sa présidence aura duré 32 mois.
Avec Comores online
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